23èmes Journées du RNDH : les professionnels de l’information et Facebook

Publié le par espace-doc.over-blog.com

J’ai assisté aux 23èmes Journées du RNDH (Réseau National des Documentalistes Hospitalières), les 30 septembre et 1er octobre 2010 à Paris.

 

Le moins que l'on puisse dire est que la discussion fut animée et en surfant sur le web, je me suis rendue compte qu'elle n'était pas moins virulente sur le net.

 

Je suis donc sortie de mon petit monde des Bisounours et je fais un état des lieux de la question.

 

Si l’on excepte les gens plus que réfractaires à Facebook (du genre : « Vade retro Sanatas ») qui, convenons-en, ne font pas avancer le débat, la plupart des professionnels de l’information ne sont pas contre Facebook. Beaucoup y sont même inscrits de manière personnelle et/ou professionnelle. Des Fan Pages sont ainsi créées par les bibliothèques et les professionnels de l’information : les premières communiquent avec leurs étudiants, les seconds partagent leurs expériences, leurs informations, leurs connaissances.

 

Dans la littérature, si l’OCLC suggère, dans son rapport de 2007, que les centres de documentation et les bibliothèques n’ont pas un rôle à jouer dans les réseaux sociaux, la bibliothèque universitaire d’Angers a tenté l’expérience. Elle voulait établir une présence sur Facebook, trouver une nouvelle manière de valoriser les contenus de leur Bua’Bloc et profiter d’un autre moyen de communication pour échanger avec leurs publics. En 54 jours, 1 559 personnes sont devenues fan des deux pages que la bibliothèque avait créées. Elles étaient dans le top 5 des pages de bibliothèques françaises en 2009. Si ces Fan Pages fonctionnent bien, la comptabilité des fans et du temps que représente la gestion du système est encore floue.

 

Marshall Breeding, dans un article publié en 2007, dans Computers in Libraries, fournit une introduction au réseau social électronique en utilisant Facebook comme un exemple d’intérêt pour les bibliothèques. Facebook.com, un site pour les étudiants universitaires à l’origine, a récemment éclaté au-delà de ses racines et a capté l’intérêt général. Dans les bibliothèques universitaires, Facebook joue un rôle dans la vie de presque tous les étudiants inscrits. Plus les professionnels des bibliothèques utilisent les environnements des réseaux sociaux comme Facebook, plus ils découvriront les bonnes façons de l’utiliser pour améliorer les services de la bibliothèque et élargir leur portée.

 

Dans le même esprit, Charnigo et Barnett-Ellis ont mené une enquête auprès de 126 bibliothèques universitaires américaines pour établir la connaissance des bibliothécaires de Facebook, l’impact de Facebook sur les pratiques des bibliothèques et les perspectives envisagées à travers ce réseau social. Il s’avère que les bibliothécaires connaissent l’existence de ce réseau social mais soit ne l’utilisent pas soit l’utilisent en observateur, c’est-à-dire qu’ils s’y ont inscrit pour observer le phénomène et pouvoir l’étudier. Depuis l’arrivée de Facebook dans les bibliothèques américaines en 2005, les étudiants utilisent les ordinateurs de la bibliothèques pour se connecter à Facebook, certaines d’entre elles ont également vu l’utilisation du scanner augmenter fortement, et ceci du fait que l’on peut poster des photos sur les profils de Facebook. Enfin, très peu de bibliothécaires ont conscience du potentiel que peut leur apporter Facebook.

 

Des initiatives intéressantes ont été faites par des bibliothèques sur Facebook, comme la possibilité de consulter le catalogue de la bibliothèque sur le réseau social ou le fait de pouvoir communiquer avec les étudiants sur les horaires d’ouverture, l’annonce d’événements, etc.

Un dernier point est à soulever : la question de la vie privée sur Facebook. Si, à l’origine, Facebook n’a pas donné beaucoup de poids à la vie privée sur son réseau, les concepteurs ont depuis amélioré grandement les conditions de sécurité de la vie privée. Cependant, Charnigo et Barnett-Ellis ont mis en évidence que tant les étudiants que les bibliothécaires auxquels ils font appel pour les aider dans leur utilisation de Facebook, n’ont que très peu de considération pour les données de la vie privée sur le réseau social.

Côté étudiants, l’article met en avant trois études qui montrent qu’il existe trois principales raisons à cette négligence de la vie privée sur le réseau :

(1) le bénéfice perçue de révéler les données privées est plus grand que les coûts perçus de possibles intrusions dans leur vie privée ;

(2) les attitudes laxistes (ou le manque d’intérêt) envers la vie privée ;

(3) la confiance envers les services des réseaux sociaux et celle accordée à ses membres.

Côté bibliothécaires, il semblerait que l’importance de ne pas être intrusif dans la vie des étudiants soit la principale raison mise en avant. De plus, les bibliothécaires interrogés semblent considérer Facebook comme un outil de communication de plus comme les messages instantanés ou le téléphone portable. Les auteurs suggèrent cependant qu’il serait sage d’inclure dans les cours que donnent les bibliothécaires sur les pratiques documentaires sur le net, des notions permettant aux étudiants de protéger au mieux leurs données personnelles.

 

Alors, que faut-il en conclure ? La question n’est pas de savoir si Facebook est un bon ou un mauvais outil. C’est un outil largement utilisé dont il ne faut pas négliger l’impact potentiel dans le marketing documentaire d’une bibliothèque ou d’un centre de documentation. Les bibliothécaires et les documentalistes doivent s’adapter aux outils plébiscités par leurs usagers pour continuer à les approcher et les renseigner. Facebook est en tête de gondole pour le moment mais il ne faut pas s’en contenter. Il faut explorer d’autres outils, d’autres moyens qui permettront aux professionnels de l’information d’aider les publics qui seront amenés à venir les voir.

 

Références :

La BUA sur Facebook 1, 2 et 3. Assessment Librarian. Blog sur les enquêtes et l’évaluation des services en bibliothèques. Dernière consultation le 2 octobre 2010.

Breeding M. Librarians face online social networks. Computers in Libraries 2007, vol. 27, n°8, p. 30-33.

Charnigo L., Barnett-Ellis P. Checking out Facebook.com: the impact of digital trend on academic libraries. Information Technology and Libraries 2007, 12 p.

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